comment préparer les enfants à la lecture

Comment préparer les élèves à apprendre à lire ?

Comprendre à quoi sert la lecture et le pouvoir qu'elle nous donne :

Faire des phrases simples sur les évènements de la classe et les faire lire en montrant chaque mot mais sans insister. Leur faire vérifier que les parents savent ce qui est écrit. Parler de ses expériences personnelles de lecture, de ce qu'on a aimé comme livres dans son enfance, de ce qu'on peut faire quand on sait lire. Le plus important, en maternelle surtout, c'est d'insuffler aux enfants la passion de la lecture.

Avoir un capital de mots :

Dès le plus jeune âge, les enfants peuvent avoir intégré des sigles, des noms de magasins, il faut qu'ils en prennent conscience en reconnaissant, par exemple, dans quel magasin a été acheté tel ou tel produit. L'important est que l'élève puisse verbaliser comment il reconnaît le sac.

En classe de grands on peut systématiser la reconnaissance des prénoms. Il ne faut pas oublier de faire expliciter par les enfants qui ne confondent pas deux prénoms similaires les indices qui leur ont permis de différencier les mots.

Apprendre à prélever des indices :

Dans des exercices de détours, par exemple le jeu du détective où un certain nombre de dessins d'animaux ou d'objets sont proposés, il faut que l'enfant apprenne ce qui c'est qu'un indice en faisant référence au travail de la police pour attraper les voleurs. Il faut aussi qu'il puisse dire ce qui l'a mis sur la piste. On peut jouer à ce jeu de plusieurs façons : demander le nombre d'animaux, d'objets qui ont des feuilles, etc. puis donner des indices sur un dessin et demander à l'enfant comment il a trouvé, comment il a réfléchi. Enfin la maîtresse choisit un objet et les enfants doivent lui poser des questions qui ne comportent pas le nom de l'objet mais qui mettent sur la piste. Si l'élève demande si c'est un dessin d'animal, faire chercher aux autres les dessins qui peuvent être éliminés selon la réponse.

Apprendre à faire des discriminations auditives :

Pour cela il faut utiliser le plus d'aides référentielles possibles si on entend le son : les couleurs pour les voyelles (i rouge, o jaune, a bleu, u marron, e rose, é vert, è violet, ou orange, les nasales sont soulignées de la couleur de la lettre qui passe dans le nez : les an soulignés en bleu, les on soulignés en jaune, les in soulignés en rouge), les gestes de Borel-Maissony, le son du début des prénoms… Pour les voyelles, elles seraient mieux entendues en début de mot, les consonnes en fin de mot.

Mettre en liaison les sons entendus et ce qu'on voit :

Sur quelques exemples seulement, les enfants ayant compris continuent tout seuls, amener les élèves à tirer des conclusions sur le fait que les sons correspondent à des graphies et leur apprendre à relever des indices leur permettent de trouver ces correspondances. Le plus facile pour le début est le son "ou" ce qui leur prouve qu'un son peut être formé de deux lettres. On peut par exemple chercher à écrire tous les mots correspondant aux dessins coloriés de l'exercice sur les sons entendus, puis faire remarquer ce qui est toujours pareil. Il ne faut pas oublier de faire remarquer qu'une lettre peut avoir un nom, mais que ce qui nous intéresse pour apprendre à lire, c'est le son que fait cette lettre.

Apprendre à prendre des indices pour trouver un mot dans une liste :

Parmi une liste de mots représentant par exemple des animaux, après lecture par la maîtresse, essayer de trouver un mot parmi ceux qui ont été cités. Il faut, bien sûr, expliciter comment on a fait pour trouver ce mot. On obtient ainsi un point marqué sur la main.

Passage à la combinatoire automatique :

Au bout d'un certain temps certains enfants comprennent le secret de l'apprentissage de la lecture de mots nouveaux : la combinatoire. Pour éviter l'ânonnement on organise avec les enfants mûrs des jeux permettant d'automatiser la reconnaissance des syllabes.

- On explique d'abord ce que c'est qu'une syllabe : je prononce un son appelé consonne et je souffle le deuxième appelé voyelle.

- On fait le même jeu que pour la prise d'indices dans les mots à partir de syllabes : qui peut me montrer la syllabe "va", et l'élève doit expliciter comment il a fait. Au début on peut commencer que par toutes les syllabes contenant la même consonne en choisissant parmi les consonnes simples à reconnaître : s, v, m, r… Puis on fait le même jeu en compliquant : il faut reconnaître des syllabes parmi des syllabes à consonnes variées.

- Ensuite il faut choisir tout seul la syllabe que l'on veut montrer : ici je pense que c'est écrit "ri" parce que…

- En dernier on peut faire essayer de former un mot avec plusieurs syllabes : avec "mo" et "to" je peux dire moto.

Lire des mots nouveaux :

A partir du moment où les enfants sont capables de lire automatiquement les syllabes simples, il ne leur reste plus qu'à apprendre les diverses difficultés de la langue française. Il faut leur montrer qu'ils sont capables de lire des mots nouveaux au tableau. Toutes les remarques qu'ils se sont faites en cours d'année se remettent à leur place.

C'est à ce moment-là que l'on peut utiliser le programme d'apprentissage de la lecture sur LEXIDATA : "Je lis n° 1" (fabriqué par moi. Une nouvelle version plus complète est en préparation mais pas d'éditeurs !). Le fait qu'il y ait des dessins permet d'aider à la prise d'indices mais l'enfant s'aperçoit très vite que ce n'est pas suffisant. Attention il reste une difficulté à ne pas occulter : les syllabes CCV. Il faut dire pour lire "plu" par exemple : que fait ma langue après le "p" ? Elle monte au palais ! Et on fait le geste du "l" : je monte le doigt levé devant la bouche. Pour les "r" dans les syllabes complexes, on dit qu'on fait rouler le "r" au fond de la gorge. A la fin de l'exercice 37 de lecture de mots au LEXIDATA, les enfants connaissent toutes les difficultés de la langue à lire. Si on a bien expliqué, pour chaque nouvelle page, la difficulté à apprendre, le retour des mêmes difficultés par la suite permet la mémorisation de toutes les astuces de la lecture en français.

Naturellement chaque enfant ne prend en maternelle son fichier de lecture que quand il veut, à l'accueil ou en ateliers libres. Les progrès doivent dépendre de la passion qu'éprouve l'enfant pour la lecture.

Lire des phrases nouvelles :

L'élève va s'apercevoir très vite que le fait de pouvoir lire des mots nouveaux lui permet de lire des petites histoires. Il faut démontrer l'importance de la compréhension : je peux lire un texte en langue étrangère, je ne comprends pas ce que ça veut dire, cela ne me sert à rien ! Les petits livres "je lis tout seul" ou autres permettent d'attiser la passion de lire en ne mettant pas l'enfant devant des difficultés insurmontables qui le dégoûteront à jamais de la lecture.

Conclusion :

Il y a peu d'heures d'enseignement de la lecture à proprement parler. Il s'agit surtout :

d'apprendre aux élèves à prendre des indices, à faire des hypothèses, à les vérifier pour obtenir à partir d'un capital de mots pour trouver des correspondances phonème-graphème (démarche scientifique).
- d'obtenir la combinatoire automatique, sans la forcer, en sachant attendre car une combinatoire prématurée ralentit la lecture et empêche les enfants d'augmenter leur empan visuel et la mémorisation des mots déjà lus.